vendredi 27 novembre 2009

Un siphon fonfon les petites marionnettes.


CHACUN SA MAROTTE

C'est-à-dire son idée fixe, favorite, sa folie si l'on veut. — La marotte est l'attribut des fous : un bâton au bout duquel est une petite figure ridicule, bizarrement coiffée et ornée de grelots. — Nous sommes tous fous par quelque côté, et si nous n'avons pas une marotte à la main, nous l'avons tous un peu plus ou un peu moins dans la tête ; c'est l'objet de notre affection ou de nos rêves, c'est l'idée toujours présente et sur laquelle nous revenons sans cesse. A sa marotte, on reconnaît un fou ; à cette fantaisie persistante et si souvent déraisonnable, on reconnaît notre grain de folie.

On fait venir ce nom de marotte donné au sceptre des fous, de la tête de marionnette, c'est-à-dire de petite fille, qu'on mettait au bout. Ménage remarque qu'on dit à Paris marotte pour Marion, petite Marie, et qu'en Languedoc on appelle mariotes les marionnettes. Il y a entre les marottes et les marionnettes un point de ressemblance qui n'exclut pas toute idée de parenté; mais on appelait aussi mérotte (petite mère) une petite poupée, et il est plus simple peut-être de ne voir dans marotte qu'une transformation de ce mot.

L'idée à laquelle on revient sans cesse, le projet qu'on caresse, qu'on enfourche à tout propos et toujours avec la même complaisance, s'appelle aussi un dada, (onomatopée du cheval dans le langage des enfants). — Don Quichotte avait son dada, qui n'était pas Rossinante, quand, raisonnant au mieux sur tout autre sujet, il se mettait à divaguer et s'enflammait dès qu'il s'agissait de la chevalerie errante. » (Ourry.)


Toqué, timbré. — C'est sa marotte

Pendant assez longtemps, surtout au quinzième et au seizième siècle, il fut d'usage, pour les rois de France, d'attacher à leur suite un fou, ou plutôt un bouffon, dont les bons mots, les gestes, les plaisanteries, les impertinences même, devaient égayer la cour.

Cet usage venait d'Orient; il se généralisa en Europe après lès croisades.

Gonelle, le fou du marquis de Ferrare, Triboulet, le fou de François Ier, l'Angely, le fou du prince de Coudé, sont presque célèbres pour leurs réparties et leurs farces spirituelles.

Les gravures du temps nous représentent les fous tenant à la main, en guise de sceptre, un bâton enguirlandé, appelé marotte; leur tête est couverte d'un bonnet ou toque d'étoffe bigarrée ; cette toque est surmontée de petites clochettes ou timbres que le moindre mouvement faisait carillonner.

Cette toque et ces timbres ont donne lieu aux expressions populaires toqué, timbré (qui porte une toque et des timbres) par lesquelles on désigne un homme qui divague, ou qui, simplement, fait des plaisanteries absurdes.

Les faits et gestes des fous nous ont encore valu les façons de parler : rire comme des fous, — fou rire, — avoir une tocade.

Tous les fous n'étaient pas vêtus de la manière que nous avons indiquée. Quelques-uns s'habillaient comme les seigneurs; d'autres ne prenaient que par circonstance un costume original. Mais rarement, quel que fût leur costume, ils paraissaient devant la cour sans tenir à la main une sorte de sceptre ou bâton appelé marotte, au sommet de laquelle se trouvait une petite figure bizarrement coiffée et ornée de grelots.

La marotte était le signe distinctif des fous. De là nos locutions : avoir une marottechacun a sa marotte. De nos jours, marotte est à peu près synonyme d'idée fixe, de manie.

Plus on est de fous plus on rit tient encore au même ordre de faits. Lorsque les seigneurs se réunissaient pour des parties de plaisir, même pour la discussions d'affaires politiques, ils se faisaient toujours suivre de leurs fous. Plus d'une fois un fou assista à de graves délibérations et y mit son mot, — qui n'était pas toujours le moins sensé; car ces personnages n'avaient souvent de fou que le nom, et plus d'un, en vertu des immunités attachées à son titre, savait dire en riant de terribles vérités à son maître.

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